Petit retour sur ce fameux collège de Fortet, grâce à un ouvrage découvert lors de la nouvelle foire au livre qui se tient à Reims, Place du Forum, tous les seconds dimanches de chaque mois.
Le Vieux Paris - Souvenirs et Vieilles Demeuses, publié sous la direction de G. Lenotre :
LE COLLÈGE DE FORTET ET LES CAVES DU POT A MOINEAUX
Tout près de la place du Panthéon, entre l'annexe de la Bibliothèque Sainte-Geneviève et la rue Laplace, se succèdent plusieurs bâtiments d'aspect ancien.
Au milieu, se dresse une tourelle hexagonale aux fenêtres en arc brisé; cage d'escalier, pendant deux étages elle est surmontée d'une construction en bois formant chambre, dont le plancher débordant est soutenu en encorbellement par des solives apparentes du plus pittoresque effet.
Cette tour faisait autrefois partie du collège fondé par le chanoine Pierre Fortet, à la fin du XIVe siècle.
La maison dite de la Corne de Cerf à laquelle elle appartient, fut reconstruite en 1505- 1506.
C'est bien, en effet, au début du XVIe siècle, et non à la fin du XIVe, qu'il faut faire remonter les moulures qui ornent le noyau de son escalier tournant.
La tradition désigne cette tour sous le nom de tour de Calvin.
Le célèbre réformateur, en effet, vécut quelque temps au collège de Fortet.
C'est là sans doute qu'il composa le fameux discours hérétique prononcé par son ami Nicolas Cop, en pleine assemblée des Mathurins, devant l'Université réunie le 2 novembre 1533.
Volontiers on se représente, suivant le récit des biographes de Calvin, l'écrivain suspect s'échappant la nuit, sans prévenir qui que ce fût, en attachant ses draps roulés à l'appui de sa fenêtre, et en se laissant glisser dans la cour du collège le long de cette corde improvisée.
La maison à tourelle se trouve au numéro 21 de la rue Valette. Tout à côté, au numéro 19, on peut voir de curieuses caves à deux étages, comme il s'en trouve encore quelques-unes dans le quartier.
L'étage inférieur est voûté en berceau, l'étage supérieur en croisée d'ogives. C'est là qu'habitait en 1571 le libraire Jacques Nicolle, à renseigne du Pot à Moineaux, devant le collège de Reims.
Jacques Nicolle professait-il, comme son confrère Henri Le Bé, la nouvelle religion, ou étaient-ce les relieurs et libraires Claude Mabille et Jacques Moustier, ses co-locataires ? Peut-être tous les trois.
Toujours est-il qu'en 1573 cette maison du Pot à Moineaux, Pocula Passerum, était un des quatre lieux de réunion adoptés par les protestants pour leurs prêches clandestins.
Il est piquant de constater que les disciples de Calvin se réunissaient ainsi à côté même du collège, où leur maître avait composé, quarante ans auparavant, ses premiers écrits sur la réforme, et d'où il s'était enfui pour échapper aux gardiens de l'orthodoxie.
Etienne Clouzot
de la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris - 1913
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