lundi 5 mai 2008

Histoire de ce fameux Cabaret...

Quand même... j'ai oublié ces quelques précisions concernant ce fameux établissement.

Une carte postale dessinée par Maître Robida... Grand Reconstituant...


Une photographie, pas très bonne... la Pomme de Pin est à gauche, accolée à la maison de Robert Estienne...


Comme souvent dans le Vieux-Paris, il n'y aura pas de photographies de face... car il n'y avait pas assez de recul à cause des échoppes situées derrière l'Eglise Saint-Julien des Ménestriers.

Un peu d'histoire maintenant... tiré de l'ouvrage de Jacques-Antoine Dulaure, sur l'histoire de Paris, édité en 1854 :

Au nombre des travaux exécutés, en 1853, par la commission municipale, se trouvait la formation d'une place au débouché des rues Copeau et Contrescarpe, sur la rue Mouffetard. Parmi les établissements que ces nouvelles démolitions devaient faire disparaître, l'un d'entre eux, dont la célébrité remonte à quatre cents ans, mérite une mention particulière : c'est le doyen des cabarets de Paris, la fameuse taverne de la Pomme de Pin. Ce petit coin de la rue Mouffetard et Contrescarpe a vu tous les illustres buveurs, depuis Villon jusqu'à Chapelle, depuis le curé de Meudon jusqu'au chanoine de Saint-Victor.
Depuis son origine, le cabaret de la Pomme de Pin n'était qu'un cabaret obscur et enfumé. Là se rendait Villon, pour rafraîchir en tout temps sa muse gaillarde, et qui l'a successivement célébré dans son Grand Testament, dans son Petit Testament, et dans ses Repues franches. Il ne savait pas de plus grand plaisir, dit-il que
D'aller sans chausse, en eschappin,
Tous les matins, quand on se liève,
Au trou de la Pomme de Pin.

Marot s'y rencontrait avec Rabelais, qui, reconnaissant des bonnes inspirations qu'il devait à son hypocras, a donné un souvenir à sa chère taverne, dans Pantagruel :
"Cauponisous is tebernes méritoire de la Pomme de Pin, du Castel, de la Madeleine et de la Mulle."

Régnier, le saatirique, autre buveur de même trempe, a consacré la Pomme de Pin dans une de ses satires :
...Son nez haut, semblait faire la nique
A l'Ovide nason, au Scipion nasique,
Où maints rubis halez, tous rougissants de vin,
Montraient un Hac Itur à la Pomme de Pin;
Et, preschant la vendange, assuraient en leur trongne,
Qu'un jeune médecin vit moins qu'un vieux ivrongne.

Ce n'était pas seulement les poètes qui allaient à ce fameux cabaret : de grands seigneurs, des gentilshommes y venaient parfois faire tapage. C'était aussi le rendez-vous des mousquetaires en congé.
L'histoire littéraire ne s'est pas bornée à conserver le nom de l'enseigne; elle a transmis aussi les noms des principaux propriétaires du fameux cabaret : au vieux temps, Desbordes-Grouzin; après lui, Crinel, que Boileau a cité dans ces vers :
Un laquais effronté m'apporte un rouge bord
D'un auvergnat fumeux qui, mêlé de lignage,
Se vendait, chez Crinel, pour vin de l'Ermitage.

La mode resta longtemps fidèle au cabaret de la Pomme de Pin. après l'ordre des Coteaux et ses coryphées, on y retrouve le commandeur du Louvre, le marquis de Saint-Evremond, de Sillery, des chevaliers du Temple, les roués de la Régence, les deux Vendôme, Chaulieu, Lafare, les petits abbés, les chevaliers, toute la débauche élégante du règne de Louis XIV.
Là s'arrêtèrent les beaux jours de la Pomme de Pin. La café parut et le cabaret fut détrôné. A la suite Voltaire et de Pirou, les poètes, les auteurs, les philosophes furent les assidus commensaux du café Procope, qui s'était établi dans le voisinage de la Comédie-Française.
Une clientèle moins brillante et plus nombreuse succéda, sur les bancs de la Pomme de Pin, aux poètes, aux épicuriens et aux seigneurs débauchés. Cette clientèle plébéienne, qui a constitué jusqu'à ce jour l'existence du doyen des cabarets, lui promettait encore de longs jours de fortune, si le marteau n'était venu y mettre un terme.
Là s'est terminée cette existence. Le 14 juillet 1853, le tribunal civil de la Seine fixa le chiffre des indemnités d'expropriation pour le propriétaire et le locataire. Un mois après, il ne restait plus de vestiges du doyen des cabarets de Paris.

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